Attention oeuvre majeure. Album-testament. C'est une plongée vertigineuse dans l'enfer et les illusions de la drogue, de la vie et de la mort que nous propose Alice in chains avec leur album Dirt. Tel est leur héritage. Apparu sur la scène grunge de Seattle des années 90 à l'instar de Pearl Jam, Soundgarden ou Nirvana, Alice in chains s'est vu connaître une petite notoriété dans le milieu, vite étouffée par le tsunami Nevermind. Sorti un an après ce dernier, Dirt mérite que l'on s'y arrête à plus d'un titre. D'abord pour préciser que le groupe a plus d'affinités avec la scène Heavy métal que Grunge. Il suffit d'écouter ne serait-ce que les deux premières chansons de l'album pour s'en convaincre, tant par les solos et riffs lourds de Jerry Cantrell que par la voix de Layne Staley. Ensuite par le thème abordé. Pour beaucoup, l'album Dirt est le témoignage le plus poignant et le plus proche d'une réalité crue, épidermique, celle de la dépendance à la dope. Ici il n'est pas question de dénigrer ou de glorifier la drogue, ni pour Staley de se justifier ou s'excuser sur ces déviances. Il n'est relaté que des faits, avec toute la sincérité d'un junkie exposant ses états émotionnels. De la sensation de se rapprocher de la mort sur « Them Bones », mort qui le rattrapera en 2002 victime d'une overdose, à la fascination pour cette dernière sur la ballade « Down in a hole », de la délivrance d'un fix d'héroïne sur « Dam the river » jusqu'au titre éponyme « Dirt » décrivant le sentiment de déchéance dû à cette drogue, il se dégage une poésie noire où la part de l'espoir est inconnue ou désuète. Enfin musicalement ce disque est superbement construit. Il y a une cohésion, une symbiose parfaite entre les instruments, et en particulier les riffs oppressants et les distorsions inquiétantes produites par le talentueux Cantrell, et la magnifique voix de Staley, tour à tour lugubre, torturée, émouvante, soufflant la mort et le désespoir d'un homme meurtrie par la vie, nous offrant une atmosphère suffocante, un enfer où l'on ne s'échappe pas, nous laissant suffoquer face aux affres de la vie d'un toxico qui se sent et sait perdu. A l'heure des pseudos télé-réalités et du voyeurisme des mass médias, Dirt d'Alice in chains nous offre un témoignage touchant et éprouvant, sans artifice ni compromis, d'un homme face à ses démons.
Mr Blue
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