Comment aborder un album coup de coeur. Comment expliquer son empathie pour un son qui vous traverse de part en part sans tomber dans l'emphase. Démontrer l'importance de cet opus sans paraître pompeux ou pédant. Le bon mot, la juste description, la retranscription sincère et spontanée. Car il est de cette dimension pour moi quand je me retrouve avec ce disque entre les mains. Si elles le pouvaient, mais oreilles souriraient au sortir de cette écoute. Tel Harpagon, je jalouse qui s'approche trop de cette pépite, simplicité joyeuse et lyrique dans cet écrin de folk savamment élaborée. Je ne peux malheureusement pas garder ce trésor pour moi Il n'y a pas d'effet d'annonce avec Baden Baden, pas de matraquage médiatique, pas d'envie du hit en puissance. Tout se fait avec simplicité et humilité, être reconnu de la sorte dénote de toute la qualité artistique que déploie la bande menée par Eric Javelle. « 78 » ouvre le bal, en apesanteur, léger, pour petit à petit voir moults instruments prendre leur place, complétant et embellissant ce titre qui monte en puissance tout en gardant cette douce chaleur, presque candeur, qui ne quittera pas l'album. Suit « Anyone » et son ouverture en cuivre annonçant un titre éthérée, proche de la folk du pays des elfes et des trolls. Loin dans le ciel, portés par la voix de tête, les choeurs et la dernière envolée instrumentale de ce titre, nous survolons la France. car, chose rare dans ce paysage musical, les deux prochains titres sont dans la langue de Molière. Bien que la néofolk soit plus nord-américaine et donc anglophone, nous pouvons regretter que peu de nos comparses s'essayent dans ce registre enclin à accueillir les maux et les mots à la fois complexes et poétiques de notre belle langue. Les québécois de Malajube et de Karkwa ont déjà montré la voix et le texte, « Tout est bien » et « Alice » suggèrent qu'en France, le cap a été également passé, élégamment. « The book », lente balade au crépuscule, nous emmène dans des contrées burtoniennes où la frontière entre rêve et réalité est difficilement discernable. L'album se termine sur « TV », pop volontairement plus énergique, au son plus électro, presque noisy, nous invitant à sortir de notre couffin cotonneux où nous avons trouvé bon se lover. Balançant selon les titres entre folk onirique et pop orchestrale, le bonheur de cet Ep ne se mesure pas à ce qu'il donne mais à ce que nous, auditeurs, transmettons en retour. Un peu comme si après l'écoute, nous avions la subite envie de sortir respirer le bon air, voir des proches, embrasser son ami(e), regarder un lever de soleil... bref être heureux. Ais-je mentionné que l'album "78" de Baden Baden est mon coup de coeur?
Mr Blue
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