Éternel débat, éternel raccourci. Le débat pourrait prendre des heures, captiver un tiers, en énerver un autre, passer au-dessus du troisième, la Terre continuerait de tourner et le débat d'en rajouter, des tours en rond. De quoi veux-je parler en cette amorce ? De l'un des nombreux mystères de la musique : perd-on son art quand on devient vendeur ? Être reconnu par la majorité vaut-il d'être renié par la minorité qui vous a déifié? Ou se situe la frontière entre chérir l'âme de son groupe et la vendre à la plèbe mainstream ? Oui la question est complexe et la réponse d'autant plus ardue. Il n'est ni de raison ni de lignes suffisantes pour disserter sur le sujet, mais nous pouvons exposer le cas du groupe ici présent, The Black Keys, qui a l'occasion de l'album « Attack and release », leur cinquième, deux sont sortis depuis, ont changé leur mode de production et sont devenus depuis, plus reconnus/bankable/hype (rayez votre mention inutile). Les Black Keys, duo composé de Dan Auerbach (guitare et chant) and Patrick Carney (batterie) proposaient sur leurs précédentes livraisons un blues-rock pêchu, gras, minimaliste mais non simpliste, fait maison et surtout urgent (l'enregistrement de l'album Thickfreakness se fit en 14 heures!). L'approche changea radicalement avec « Attack and release » en 2008. Les deux compères s'attachèrent les services de Danger Mouse, producteurs « du moment » ayant sévis pour, entre autres, Gorillaz, Beck ou The good, the bad and the queen. La gestation de l'album fut plus longue, ais-je dis plus aboutie? Le son est plus moderne, ais-je dis plus lisse ? L'arrangement plus complexe, ais-je dis plus élaboré ? Ces deux gars ne se renient cependant pas. Ils savent où ils vont et ce qu'il veulent. L'approche diffère donc mais pas l'influence, encore nettement blues, alors que l'autre combo auxquels on les compare, les Whites stripes pour ne pas les nommer, ont bifurqué plus vers le rock. L'album est moins animal, en aucun cas cérébral, assurément pluriel. Du folk country « All You ever wanted » au plus psychédélique « Psychotic times » au choeur fantomatique, du blues saignant à souhait « Lies » aux schizophréniques et très inspirés « Remember when » (face A/face B), Auerbach et Carney se rappellent à leurs bons souvenirs sur « I got mine ». La touche de Danger mouse se ressent finalement que très peu, d'un son plus clair à quelques gimmicks rajoutés comme des voix feutrées, le son ouaté d'une box-flute (Same old thing) ou d'un clavier (Ocean and streams), son apport principal fut sûrement plus sur la forme que sur le fond.
Mr Blue
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