La scène rock indépendante US regorge d'artistes solo, qui au détour d'une collaboration ou d'une autre sortent d'excellents albums. Ces électrons libres, aussi insaisissables que productifs, assurent la pérennité d'une scène qui pioche ses racines dans les profondeurs de l'histoire très fertile de la musique américaine. Cheveux gominés tirés en arrière, petite moustache à l'italienne, blouson de cuir et grosse guitare posée sur le ventre, ce sac d'os fan des Ramones, d'Eddie Cochran et d'Alice Cooper balance des chansons géniales, courtes et authentiques, portées par un esprit rockabilly à la lisière du punk et d'une folk dépouillée. C'est en tout cas sa recette pour Join Dan Sartain un formidable album sorti en 2006, bien plus acoustique que le précédent Dan Sartain vs. The Serpientes qui mêlait sans accrocs garage punk et power pop. La galette qui nous intéresse aujourd'hui démontre que le rock est bien une affaire d'énergie et de sueur et que ni les muscles ni les murs de son n'arrivent à la hauteur d'un bon riff, de trois accords et d'une bonne ligne vocale. Dan Sartain ne crie pas, sa voix dépouillée, son sens de la mélodie et ses à-coups de guitare suffisent à faire briller un rock urgent et précieux qu'il ne prend pas à la légère. Grave et concerné, il chante les filles, la détresse ou la boisson avec cynisme et malice, et l'urgence du mec qui n'a que deux minutes pour laisser un dernier message. L'auditeur médusé ne peut que regretter que l'essence de la musique de Dan Sartain ne soit également la cause d'une frustration que seule un autre morceau fera taire... jusqu'à la prochaine fois.
Mr Orange
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