Dans les univers de fiction, un "cross-over" (incursion en français dans le texte) est une production qui regroupe des personnages dont les aventures se déroulent dans des séries différentes. Les résultats, usités sur de nombreux supports (séries, bandes dessinées, etc.), sont plus ou moins probants. En musicologie, le néologisme parle de « supergroupe » ou « All-Stars Band », terme désignant la formation d'un groupe composé de musiciens confirmés ayant acquis une certaine notoriété par ailleurs. Certaines expériences ne sont vouées à n'être qu'une expérience jouissive sur scène, d'autres s'épanchent dans des tentatives plus ou moins réussies, laissées libres aux interprétations des auditeurs, d'un nouveau son, mutualisme musical relatant qu'à compétences réunies, on devient meilleur. « Horehound » est le premier opus des Dead Weather, supergroupe composé d'Alison Mosshart (Kills), Dean Fertita (QOTSA), Jack Lawrence (Raconteurs) et Jack White (White Stripes et Raconteurs). Sans négliger la part de leurs deux comparses, musiciens de renom déchainant d'imposants riffs de guitare comme autant de coups de boutoir, le groupe est la confrontation de deux pontes du rock, l'un plus hanté par les banderilles bluesy, l'autre habitée par un démon décidément bien sexy dirty. Mise en abime du procédé fort intéressante, c'est un peu comme si le Blondin de Sergio Leon rencontrait la Catwoman de Tim Burton. Cuir contre cuir. L'on croirait White bien docile derrière la batterie, abandonnant chant et guitare, maté par la féline Mosshart, dont la voix au timbre grave et enivrant, lacère un blues-rock décharné, vicié et sensuellement violent. Mais le Guitar héros ne s'en laisse pas compter car derrière les baguettes se cachent un arrangeur hors-pair qui, dans son barillet, cache des bastos orchestrales allant du dub-blues (I cut like a buffalo), au sensual blues (60 Feet tall), en passant par des sons plus lourds (Hang You from the heavens) ou rock (Treat Me like your mother). The Dead Weather n'oublie pas de décliner leur son sous toutes les coutures et nous renvoyer vers l'essence du blues avec le magnifique et plus traditionnel « Will There Be Enough Water ». Ainsi, A la fin, même la plus fauve des femmes se laisse entraîner par le pistolero, loin, par delà l'horizon, non sans idée de ce qui leur adviendra.
Mr Blue
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