En son temps un artiste interpella Louis Amstrong, se désolant de la blancheur de sa peau, lui qui rêvait de chanter l'espoir. L'épiderme ne se choisit pas, mais l'esprit si, et celui de Nougaro était couleur onyx. Une âme de black de la Nouvelle-Orléans du côté de Toulouse. Il n'est pas facile de choisir cette même voie, et même voix, car on ne triche pas avec les émotions. Et la musique noire-américaine en est emplit, surtout si on lorgne du côté de la soul. Pour trouver repreneur du flambeau des blancs sachant chanter comme des blacks, il ne faut regarder du côté de ces messieurs mais plutôt porter son regard sur les Divas. Ne cherchez pas en France ou aux states, car c'est en Angleterre que l'on vous conduit, à la rencontre d'un de ces « Amy's », en référence à l'une d'entre-elles, sûrement la plus illustre à bien des égards. Après Amy donc, Duffy et autre Adèle, il est de bon ton de s'intéresser au talent de la très soul Alice Russel. Cette dernière ne nous est pas totalement inconnue puisqu'elle a prêté sa voix sur l'album de Nostalgia 77 (The Garden) que nous avons chroniqué il y a peu. Contrairement à ces précédents opus, colorés à la palette électro-soul, « Pot of gold » se veut plus naturel, plus old-school, comme pour se rapprocher encore un peu plus des chanteuses de la Motown. Cela commence parfaitement avec le frénétique « Turn and run ». Même si on sent une voix puissante, le timbre est feutré à souhait, et la maitrise est là pour la moduler comme il se doit et l'accorder aux sessions de cuivres ou de violon (Two steps ; Hurry on now). Ce petit bout de femme s'est aussi se faire agneau sur des ballades à fleur de peau (All alone) et légèrement funky (Let us be loving) avant de repartir de plus belle sur des partitions jazz classieuses (Lights wren out) ou de funk endiablé (Hesitate). A ne pas manquer, comme il est d'usage sur ses albums, la présence d'une reprise mitonnée façon Alice Russel. Cette fois, « Crazy » de Gnarls Barkley retrouve une seconde vie. Le parti pris de la jouer épurée, dans une atmosphère quasi-pieuse (voix posée, présence d'un choeur, instruments en retrait) avant l'envol final, libératoire, accentue la puissance et la portée de cette chanson. Cette reprise montre surtout qu'il faut prêter attention à Alice Russel, « Amy's » méconnue, sans doute de moins en moins à l'avenir.
Mr Blue
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