La dernière décennie semble avoir ouvert bien large la voie aux hommes-orchestres, à ces saltimbanques autistes à présent suffisamment décomplexés pour jouer leur musique, forcément minimaliste, forcément personnelle. The Legendary Tigerman, qui se fait aussi appeler Paulo Furtado à l'état civil, est un artiste portugais, un bluesman des temps modernes qui, en plus de chanter et de gratter dans Wraygunn, parcourt le monde lesté de son orchestre, qu'il actionne des pieds et des mains pour distiller la bonne parole. La bonne parole chez Mr Orange est forcément subjective mais tentons le diable, puisque cet homme-tigre chante un blues sombre à l'extrême, torturé, saccadé, habité. Après quatre albums dans sa formule solo du Tigerman, il en sort un cinquième en 2009 : Femina. Un titre plein de sens puisque des femmes, chanteuses de leur état et rockeuses à fortiori, sont invitées à donner la réplique au Legendary Tigerman sur un album plutôt réussi qui alterne compos et reprises. Le morceau phare du disque est certainement la superbe version, sombre et confidentielle, de These Boots Are Made For Walking de Nancy Sinatra, alors que & Then Came The Pain, True Love Will Find You In The End et Hey, Sister Ray jettent des coups d'oeil indiscrets sur les influences du bonhomme : entre blues largement électrisé, hybride, teinté de garage et de punk, tandis que la folk et les ambiances chargées de désespoir semblent bel et bien constituer l'autre versant de sa discothèque. Ce bon album d'un artiste qui a su gagner ses galons de mec crédible dans le paysage du rock garage confirme la bonne santé du rock lusitanien et européen en général. Je vous invite par l'intermédiaire de cette chronique à découvrir ses albums précédents, qui valent vraiment le détour.
Mr Orange
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