L'autre jour, je me suis posé la question (oui vous avez remarqué je me pose souvent des questions), je me suis demandé donc quel pouvait-être les vecteurs actuels de reconnaissance musicale outre les voies traditionnelles, de plus en plus absconses soit dit en passant. Si on ne s'englue pas trop rapidement et que le temps vous appartient, Internet est de ce type. Sinon n'hésitez pas à lorgner du côté des lancements et des bandes sons radiophoniques et télévisuelles, certaines émissions sont de plus en plus pointues à ces égards. Ainsi, les producteurs de « Rendez-vous en terre inconnue » ont eu le nez creux ou plutôt l'oreille fine en incluant sur plusieurs émissions quelques titres de My Lady's House, groupe bisontin dont nous allons présenter le dernier opus fraichement sorti en ce début d'année. Ayant déjà à leur actif un EP sorti en 2008 et un album en 2010 (West of the sun stories), salué par la critique pour leur son Americana très dépouillé invitant aux voyages tant introspectif que dans les grands espaces, rompu aux exigences de l'autoproduction et du jeu scénique, « Run in the south » sonne pour les quatre français comme une nouvelle étape les propulsant vers ce qui pourrait être une reconnaissance tant du public que de leurs pairs. D'ouest en sud, le son de My lady's house s'est étoffé d'arrangements plus complexes ou tout du moins plus orchestrés. Même si sur certains titres planent l'épure de leurs premières fulgurances à l'image de Story of Sam brinson où se joignent simplement guitare-voix-harmonica, d'autres surprennent par l'ajout de nouveaux instruments (violons sur Strike day ou Mellotron sur Now & there) avivant le sentiment de mélancolie ou de douces joies qui jalonnent l'album. Les voix se complètent délicatement sans que l'on ne sente que l'une ne prédomine sur les autres, Now & there laissant même la voix sur le fil de la seule fille du groupe donner une nouvelle couleur aux compos de la bande. Montrant que le groupe a voulu sortir des sentiers battus de la folk, The devil with it ouvre les portes de l'électrique à la manière d'un Iron and Wine tandis que Run in the south nous plonge dans un univers sombre, dark country, qui pourrait aisément prendre sa place sur la B.O d'un film d'un Tarantino ou des frères Cohen (pensez à No country for old men). Enfin l'album finit en beauté sur un morceau, Falcon lake, où l'acoustique et l'électrique s'accommodent divinement bien l'un l'autre, et qui nous convie à ouvrir grand notre esprit et à porter loin notre regard vers l'ailleurs, les grandes étendues... into the wild. Run in the south confirme le talent de My lady's house, une Road-folk connotée bien americana à l'instar des American Goldwing et autre Great lake swimmers mais qui sait également aborder d'autres strates du genre, plus européenne (Talking to turtles, Baden Baden). Quand sera-t-il de l'est et du nord, l'avenir nous le dira, nous l'espérons.
Mr Blue
Un disque un jour © 2011 - 2024 • Tous droits réservés • Webdesign by Mr Blønde • Nous contacter • Mentions Légales •