Un Iceberg dans le paysage hexagonal, l'image serait bien saisissante, surtout à quelques jours des premières chaleurs estivales. Et pourtant, celui-ci grossit à vue d'oeil. N'y voyez aucun catastrophisme digne des plus grandes productions américaines, car ici je vous parle de notoriété. Le collectif Iceberg a pris naissance sur les terres girondines, connues par ailleurs pour sa scène musicale, son propos étant de défendre les artistes indépendants du sud-ouest de la France. Et la force de ce type de projet, au delà de la liberté de création qui le symbolise, est l'émulation artistique qui en ressort, preuve en est que chez Iceberg les musiciens s'intègrent aux projets de leurs camarades, tantôt le chanteur devient le guitariste, tantôt le batteur est choriste, bref une joyeuse bande de potes qui prennent plaisir à se faire plaisir, tout en se jouant des codes et en traversant divers paysages musicaux, du rock à l'electro, de la folk à la pop. Certains groupes se sont déjà fait un nom (Frà nçois & the Atlas Mountain, Crâne Angels) et d'autres vont confirmer tout leur talent. Botibol est l'un d'eux. Vincent Bestaven de son patronyme n'est pas pour autant un perdreau de l'année. Ayant entre-ouvert la voie de la reconnaissance sur son premier album Born From a shore, cet artiste à la tessiture vocale bruissée ou puissante a souvent été considéré comme un folkeux. L'image est légèrement trompeuse, ou plutôt le son, car bien qu'utilisant avec délice et une certaine maestria beaucoup d'instrumentation acoustique, Born From a Shore possède des pépites pop où l'insouciance des mots s'accouplent aux arrangements psyché-hippie (Friends, Arudy) et où un hymne générationnel invitant aux échappées belles nous enivre (We Were foxes). C'est dans cette démarche d'exploration musicale et en attendant le prochain album qu'est sorti Wild Cruises. Vincent Bestaven s'accompagne de trois musiciens sur cet EP de quatre titres où fleurent bon soleil et voyage, engageant l'auditeur à suivre la troupe dans leur parcours onirique et toujours autant psychédélique. La présence de choeur et la multiplication de nappes sonores (utilisation des cuivres et présence de l'électrique) en sus des habituels arrangements donnent plus de relief à l'ensemble, chaque titre profitant d'une orchestration singulière et contemplative qui souligne d'autant plus la voix lyrique de Vincent. L'alternance des envolées guitare-cuivre et des passages quasi mystiques accentuée par une voix haut perchée rapproche « Stern faces » des oeuvres de Sufjan Stevens, Grizzly bears ou de Buckley, tandis que l'autre Amérique se rapproche sur les deux titres suivants le Mexique sur Let's go riding, le Brésil sur The islands. Tout l'art de Botibol est de réussir à mélanger sans dissonance divers couleurs musicales comme avait pu le faire Gainsbourg en son temps (pensez à Couleur café). L'EP se conclut par « Blue », titre folk où guitare et cuivre accompagnent une voix apaisée, comme un besoin de se remettre de ses pérégrinations solaires et sonores. Il est temps de fermer ce carnet de voyage, dehors l'été est déjà là .
Mr Blue
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