S'il manquait un groupe au milieu de Thee Oh Sees ou de Ty Segall pour confirmer aux archéologues du rock et aux fouineurs que San Francisco est bel et bien l'épicentre du garage pop, le voici : les Fresh and Onlys, emmenés par l'hyper productif Tim Cohen. Pas question de juger la quantité, mais précisons quand même qu'au milieu des trois albums sortis par les Fresh and Onlys on trouve pêle-mêle une belle poignée d'EP et des albums solo de Tim Cohen, et que du bon. Maintenant que les lauriers sont bien en place, il est temps de passer à l'album : Play It Strange est le troisième disque du groupe, sorti en 2010, et diffère pas mal des albums précédents. Si le premier disque éponyme (2008) et Blue-Eyed Girls (2009) sonnaient bel et bien comme du garage grâce notamment au son métallique de guitares au gain bien dosé, Play It Strange montre un groupe qui a évolué vers des sonorités plus froides, plus britanniques. Peut-être par la voix, plus détachée, noyée dans des barils d'échos, qui accompagne des sonorités moins rock qu'à l'accoutumée, ou par des nappes d'effets comme sur Tropical Island Suite ou Fascinated. Un air de sombre nostalgie plane sur ce disque, à l'image de Waterfall, une chanson pop désabusée illuminée par les arpèges d'une guitare qui s'envole, ou de I'm a Thief. Les références du groupes semblent s'élargir mais les sixties ne sont jamais loin : Summer Of Love ou Red Light, Green Light rappellent que les Fresh and Onlys s'inscrivent dans un mouvement globalement assez influencé par le son qui avait à l'époque fait de San Francisco la capitale de la beat génération. La constante propension de ce groupe à mettre en avant les mélodies géniales qu'ils sont capables de nous sortir et ce malgré les différences de tons des albums les place vraiment au coeur des groupes à suivre, puisque en trois albums ils sont non-seulement devenus une tête d'affiche de la scène de Frisco, mais une référence en terme de garage pop d'obédience psychédélique. Il n'y a chez ce groupe - dont je compare la qualité d'écriture à celle des Beatles - rien à jeter.
Mr Orange
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