L'alter ego. Celui de l'autre côté. Celui qu'on imagine vouloir être, qu'on aspire à devenir. Le complémentaire ou l'antagoniste fantasmé. Une image, un personnage...une seconde vie. Se créer un autre soi a quelques vertus, du simple pseudonyme à la sophistication virtuelle. Certains se cachent, d'autres se réinventent. Peut être fut-ce le cas de Maxim Nucci, Yodelice à la scène, personnage à la féerie toute burtonienne. Ce passage faisant, d'un monde à l'autre, Yodelice nous proposa en 2009 un album folk-rock des plus rafraîchissants dans le décorum des productions françaises s'essayant à ce style. Le bougre était attendu au tournant, son univers singulier invitant au voyage ayant embarqué bon nombre de ses concitoyens. Les histoires se poursuivent donc sur Cardioid, mais le monde imaginaire de Spookland où pérégrine Yodelice est vaste, et donc varié. On le constate dès les premiers pas vers la première étape, Breathe In, où l'écho de l'électrique se fait entendre. Le message est passé, les balades sont toujours prégnantes, mais les cadences du pas et des mots se veulent plurielles. Les passages acoustiques où la voix feutrée de Yodelice se rencontrent encore à la croisée de More Than Meets The Eye et Picture Perfect tout en notant une variation dans le temps pour ce dernier titre, finalement court pour une plage folk. Ces oscillations temporelles rythment l'album puisque certains morceaux passent sous la barre des deux minutes quand d'autres dépassent les cinq. Tel un enlumineur esquissant écailles lumineuses et émaux sombres sur les pages de son imaginaire, Yodelice nous transporte vers des contrées ponctuées par des rencontres avec les Beatles (Lady In Black) et Beck (My blood is burning) et où les couleurs déchirantes du blues (Wake me up) côtoie la douceur d'un duo minimaliste (Five thousand nights). Bref le style Yodelice s'enrichit de nouvelles instrumentations et sonorités, et ses explorations s'en font échos sur le très réussi Experience, à la saveur des compositions de Danny Elfman et sur Monkey's evolution, longue performance s'éveillant sur de légères notes onyx avant de se napper de jets de lumière. Spookland n'est pas neutre et comme tout univers, il a des récits à nous transmettre. Spookland a son barde, il a un chapeau sur la tête et une larme sur la joue. Il se nomme Yodelice.
Mr Blue
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