Kütu Folk Records est un label clermontois. Récent, il n'en est pas moins visible et reconnu dans la sphère musicale. Symbole d'une approche esthétique de la musique folk, les artistes présents s'apprécient par le côté « cousue main » de leur production, de la composition où une totale liberté leur est dévolue à la création de la pochette...cousue main il va s'en dire. Garciaphone, Olivier Pérez de son état, a donc tout naturellement été accueilli dans cette famille. Personnage discret et attachant, Garciaphone a le soucis du peintre naviguant entre le clair obscur, par le dualisme de la gravité des mots et la légèreté des mélodies, et l'expressionnisme, dans la figuration des textes sublimés par une instrumentation en adéquation, détail majeur pour cet artiste, provoquant une réaction émotionnelle chez l'auditeur. L'émotion étant d'ailleurs l'un des piliers de la folk, tout autant que l'engagement sincère et authentique du compositeur, Divisadora, second EP de Garciaphone et intitulé d'après le nom d'une forêt mexicaine, fait mouche. Il touche par la voix d'Olivier, affligée mais non affligeante, feutrée mais non atone (pensez à Elliot Smith, Teitur ou Damien Rice), et par les arrangements subtils et racés, délaissant de temps en temps la folk traditionnelle pour fleureter avec le rock indé, autre influence assumée. Son goût pour cet électrique léché, empreint d'une puissance retenue, se retrouve dès le premier titre, Bad Shepherd. L'esprit de Grandaddy n'est pas loin, celui des Pixies non plus. Il se retrouve sur Oil ! au son plus urgent et enlevé. Garciaphone n'en oublie pas qu'il peut nous émerveiller par des fulgurances folk trad, à l'instar des Syd Matters et autre Great lake swimmers, que l'on aime à entendre au coin d'un feu sous une voute étoilée (Silt). Tornadoes et son approche électro, écho d'artistes tels Notwist ou Atlas sound, rappelle s'il en était besoin que Garciaphone est un touche-à-tout minutieux et créatif. L'on ne peut prédire de rien, sinon que de souhaiter bon vent à cet artiste dont l'humilité ne doit pas occulter sa mise en lumière.
Mr Blue
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