Madness, c'est une institution. Madness, c'est le « nutty sound » (en argot, le « son barjot ») apparu à la fin des années 70.Ne s'intéressant pas à la mouvance new/cold-wave qui secoue Londres, Madness s'entiche des sonorités Ska de la Jamaïque, mais également de celles du Music-hall, du Jazz, latino-américaines et tropicales, du Rythm'n'Blues "pop" de la Tamla. Bref Madness c'est en aucun cas de la morosité ou de la crise existentialiste, mais plutôt du son qui pétarade, souvent endiablé (rappelez-vous One step beyond), qui donne à danser ou en tout cas à voir la vie du bon côté de la route. Madness, ce groupe qui, sous couvert d'ironie et de légèreté empruntes à une tradition londonienne apparue dans les années 60 et retrouvées chez les Kinks par exemple, se fait porteur d'une chronique sociale des moeurs de leur société, tout en musicalité et en théâtralité. Madness, c'est comme une comète, ou plutôt une éruption décennale, réapparaissant aussi prestement qu'ils s'éclipsent, pour distiller un son singulier. Leur nouvel opus, « Oui Oui, Si Si, Ja Ja, Da Da », reste dans cette lignée. On retrouve ce rythme syncopé, cher au Ska, où s'égrainent les notes d'un piano fou, d'un orgue échappé d'une fête foraine ou d'un studio d'Harlem, de saxo gutturaux et toujours autant fringants, de guitares à la fois bluesy et reggae, le tout accompagnée de la voix pop et « Cockney » de Graham « Suggs » McPhersen. Avec le même line-up qu'en 79, excepté le bassiste Mark Bedford, et accompagnés par un arsenal de producteurs, Stephen Streets (The smith, Blur), Owen Morris (Oasis, The Verve), Charlie Andrew (Alt J), etc... les Madness nous offrent un distillat de leur compétence et appétence brit-ska (How can I tell you), restant fidèle à leur style, tout en modernisant ce dernier (le premier titre My girl2, à l'intro façon Hives, fait écho à l'un de leur premier tube sorti en 79), et sachant donc rire de leur âge (So alive). L'album contient des couleurs Motown (Never knew your name) et pop (Leon) mais aussi un étonnant titre Reggae-Mariachi (Leon) qui au final ne détonne pas de l'esprit Madness. Esprit que l'on retrouve quand ils subliment le burlesque (Misery) ou lorsqu'ils s'assombrissent, pattern qu'on oublie souvent, tel le requiem de Death of a rude boy, ou la brit pop façon blur sur Small world. Madness, c'est le Magicien d'Oz au pays des Blues Brothers... en plein Kingston. Oui c'est un peu tout ça, et c'est tant mieux.
Mr Blue
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