Cheek mountain thief c'est déjà et avant tout une rencontre. Une histoire vécue comme un coup de foudre entre un homme, citoyen de sa Majesté, et un pays, empli de paysages, de contes et de soirées attisées par la cheminée d'un foyer et par la chaleur de ses autochtones. Soyons honnête, avant d'être amoureux de pays, Mike Lindsay, leader du groupe electro-folk britannique Tuung, fut conquis par l'une de ses habitantes. Enfin, aux dires de la légende, après tout nous parlons de l'Islande. Se laissant embarquer par cette demoiselle et séduit par ce pays, Lindsay décida de partir durant une pause de son groupe pour une aventure solo, au pays des trolls, elfes, Sigur ros et Bjork. Aventure le mot est faible, puisqu'il posa plume, instruments et inspiration dans un petit hâvre au nord du pays, Húsavik. Parenthèse enchantée, le projet solo de Cheek mountain thief, du nom de la montagne que Lindsay avait en face de lui chaque jour, dans une petite cabane à l'écart de la ville (et oui l'homme a de la suite dans les idées), ce projet donc est avant tout celui d'un citizen voulant se confronter à une autre réalité, moins constrictive, plus naturelle, et la relater au jour le jour. Comme il l'explique « tout l'album a été écrit en même temps qu'il a été enregistré. », après tout un peintre ne va pas attendre de retourner chez lui pour esquisser ses impressions et sa vision des choses. De Tunng il a gardé cette folk singulière et expérimentale à l'instar des fulgurances free jazz (Nothing) ou tribal rappelant Sufjan Stevens dans ses arrangements où se côtoient classique du genre (guitare et violon), emprunt aux Brass band (caisse claire, cuivres) et trouvailles comme ces marimbas (Wake him), mais aussi suggérant l'Americana des Fleet foxes ou de Great lake swimmers dans sa capacité à nous projeter dans ces grandes étendues où se vivent des histoires (Cheek mountain), ou encore faisant l'écho des Loney dear et autre Teitur par cette voix pop à la fois douce et cadencée (Darkness), exception faite sur les refrains de Showdown rappelant les éructations de Ellery James Roberts. Il a renoncé à l'electronica, exaltant par là-même la dimension humaine de son projet, lui qui n'avait de solo que son nom, tellement Mike Lindsay s'est entouré de musiciens (sept sur scène, encore plus durant l'enregistrement), de choeur, part importante dans ses chansons, et tout simplement d'hommes et de femmes avec qui il a vécu des moments extraordinaires, contemplatifs, en toute simplicité et communion (écoutez les fonds sonores sur Nothing, évoquant un repas entre amis). Cheek mountain thief, album de folk progressive dans un écrin d'humanité, est un acte d'amour pour un pays, sa population et son environnement (Snook pattern). Si tous les musiciens pouvaient s'éprendre d'une contrée pour pondre un album pareil, nous en serions ravis.
Mr Blue
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