Bon, ça suffit maintenant Alphonse, tu poses ce flingue, tu enlèves cette casserole de ton crâne et je vais te le dire en toute amitié, tu ne portes pas la mini-jupe à merveille. Bah non, mon pote, si tu n'articules pas, je peux pas comprendre. Essuie ta bouche, reprends ton souffle, c'est bon ? Et ben, vas-y, accouche. C'est tout ? C'était juste ça ? Mais c'est pas grave Alphonse, tu connais pas la nouvelle ? C'est du bidon, du chiqué, du pipi de chat, on avait rien pigé ! Totalement à côté de la plaque les mecs, ce n'est pas la fin du monde, juste la fin d'un cycle ! Un petit ménage et puis on continue. Promis mon pote, c'est du noir sur blanc. Tu devrais mettre un peu de musique, ça va nous détendre. Ah oui, voilà, Black Sabbath, « Paranoid », deuxième bébé du groupe de Birmingham et plus modestement, second album d'authentique Heavy Metal à atterrir sur notre planète. Oui, j'ai dit planète Alphonse, relax. 1970 donc, Ozzy Osbourne est à des années-lumière du pantin médiatique qu'il est devenu de nos jours, la came n'a pas encore pris trop de place dans sa caboche. Les paroles noires sonnent justes, l'apocalypse sous toutes ses formes est à nos portes. Alphonse, je t'en prie, ne rend pas les choses plus compliquées. Comment ne pas rendre hommage à Tony Lommi, roi du riff lourd qui distille son art sur des compositions aussi puissantes que « War Pigs » ou « Paranoid » ? Le bonhomme marque une époque. Les Beatles sont à terre, les Stones béatifiés et les hippies se sont carrés leurs fleurs où je pense. Plus de solution, la guerre va continuer, le monde va exploser, faudrait penser à se vautrer dans le stupre et la fornication avant l'ultime réveil matin. L'époque est à l'accord agressif, l'heure est grave parce que l'heure tourne. On ne peut pas oublier Geezer Butler et Bill Ward qui complètent l'opus plus qu'ils ne l'épaulent. La batterie de ce dernier hésite entre rafales d'obus et décompte martial. Les lignes de basse signées Butler habitent le microsillon telles les pas lourds du bourreau qui s'avancent dans le corridor. Nom de dieu Alphonse, lâche mon avant-bras, je ne suis pas très tactile. Inutile de préciser que « Paranoid » s'écoute fort, très fort. Vestige nécessaire d'un temps où le rock broie du noir, révolution féconde qui enfantera des Metallica, Guns and Roses ou plus proche de nous, System of a down. Les murs de Jéricho peuvent s'effondrer, Sodome et Gomorrhe connaîtra le doigt de dieu, Nolwenn Leroy sortira un album de rap, que les dix plaies d'Egypte s'ouvrent ! Ozzy le crache sans remord dans « Iron Man » : « Il regarde juste fixement le monde, planifiant sa vengeance, c'est ce qu'il va bientôt déplier, maintenant le temps est là pour l'homme de fer de propager la peur, revanche depuis la tombe, tue les personnes qu'il a déjà sauvé une fois »...Alors que mon rire dément envahit la pièce, Alphonse en profite pour remettre sa mini-jupe et me filer un coup de casserole sur la tronche. Il s'enfuit dans la rue en flinguant tout ce qui bouge, je pense qu'il a compris le message.
Mr Malo
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