Kyrie, un nom des cieux, messagère nordique, celle qui choisit. Kyrie, un nom de muse, chantre des liturgies, celle qui déclame. Destinée ou malice, tant bien même certains s'acharneront à divaguer à ce sujet, la canadienne Kyrie Kristmanson possède des arguments inclinant que la bonne étoile s'est penchée sur son berceau. Pensez-donc, cette jeune auteur-compositeur a appris la guitare dès l'âge de neuf ans et la trompette à treize. Guitare et trompette, deux instruments-armoiries de cette canadienne, composant l'écusson de ses créations, pont entre le classicisme et la modernité, entre la grâce du lyrique et la liberté du jazz. Car Kyrie Kristmanson ne veut pas choisir, grand bien lui fasse, et nous propose sur Origin of stars un éventail assez vaste de son univers musical avec talent et dont sa voix, puissante et claire comme du cristal, ne serait démentir. Song X est comme une invitation, la carte d'entrée pour rentrer dans son monde. Claquement de doigts et apparition furtive de la batterie joutant avec la belle, modulant à loisir sa voix entre une a capella épurée et une scansion jazzy débridée. Ce premier titre figure les pérégrinations musicales entre Montmartre et Saint-Germain-des-Prés. Aurais-je oublié de vous le signaler? Mademoiselle Kristmanson connait bien la France et Paris, vu qu'elle prépare à la Sorbonne, une thèse sur les trobairitz, équivalent féminin des troubadours, des XIIième et XIIIième siècles. Une tête et une voix donc. Et une volonté bien affirmée de concilier ses passions pour les rythmiques chaudes et virevoltantes des cuivres (Eruption) que l'on serait entendre dans les bars du 6ième (Comet of desire) et celles plus épurées et conteuses où guitares et voix se lovent dans un écrin de finesse (Who). Sur la seconde partie de l'album, les titres se rapprochent d'un format plus conventionnel, oscillant entre sonorité folk (Wicked wind) et Pop onirique (Origin of stars) jusqu'aux deux dernières mesures. Ces dernières nous rappellent que nous avons affaire à une troubadouresse, cette dernière se plaisant à relater à son auditoire, en français dans le texte, les rues et les rencontres qui l'inspirent (Oh, Montmartre), avant de terminer son oeuvre dans une incantation quais mystique, où la voix semble parler directement à Dame nature et aux cieux (Song for a blackwind). En trente minutes à peine, Kyrie Kristmanson nous expose ses écrits, livrée choisie entre passé et modernisme, nous projetant des cafés concerts au concert de la cour avec toute la puissance de sa candeur et de l'émotion de son chant. Kyrie, destinée ou malice ?
Mr Blue
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