L'autre jour avec des potes, on discutait de nos cousins d'outre-atlantique. L'aspect météorologique s'est bien sûr immiscé dans notre conversation, preuve en est que peu de nos compatriotes aimeraient se frotter aux premières pincées hivernales de cette belle contrée, tout comme à la poutine, plat national pour les québécois, affres digestives pour nous pauvres français. Poursuivant l'analyse, nous supposions, proximités géographique et historique obligent, que ce territoire francophone avait quelques accointances avec son grand voisin américain. Oui, mais en gardant la fierté de leur territoire, le gallinacée européen est aussi dans leur ADN. Que trouve-t-on niveau musical? Des groupes chantant en anglais sur des compositions anglophones, d'autres plus orientés vers une scène francophone où le texte prévaut, évoquant la nôtre, de nouvelle scène. Et puis il y a une troisième catégorie, ces groupes qui, sensibles à l'Histoire musicale américaine, du folk au blues, de la country à la soul, se plaisent à la transposer et l'interpréter dans la langue de Molière. C'est de cette famille que nous parlerons aujourd'hui, c'est à cette famille qu'appartient la troupe de Canailles. Car il s'agit bien d'une troupe, pas moins de huit énergumènes survoltés et joyeux foulent la scène, et presque autant d'instruments, banjo, planche à laver, accordéon ou encore batterie sont présents. Alors que peut produire cette compagnie, où chacun tour à tour s'égosille, mention spéciale pour la surprenante voix rauque de Daphné Brissette (R'tourne de bord)? La réponse vient de Canailles eux-mêmes, « un sacré bordel ! ». Manger du bois est un concentré d'Amérique, de celle qui raconte des histoires de gens du cru, à la sauce country (Parle-moi) et bluegrass-cajun (Dimanche), à la différence que ce quotidien ne se trouve pas dans les champs de coton du Mississippi, mais plutôt dans les rues de Montréal. Le Rythm'n'Blues 2.0 est citadin. Cette musique s'entend autant qu'elle se boit, entendez par là que s'en vous en rendre compte vous serez amené à claironner avec la fine équipe, le coude levé et la bière à la main (Bien-être). Du coup ce bois, on ne le mange pas, il a plus tendance à nous donner une gueule à son image dès le lendemain matin. Vous soutiendriez alors que le groupe ne fait que dans la légèreté et le fun des textes (Ramone-moi) et des mélodies (Dans mon litte et son surprenant yodle). Il serait malvenu de convenir de cela. Rappelez-vous des racines musicales du groupe, le blues ne fait pas dans la guimauve (Muraille de Chine) et les histoires d'A qu'on se prend en pleine face (Train) finissent mal en général et cabossent les gens (Bécik). Et toujours ce verre à la main pour oublier. Canailles, récents vainqueurs au Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec (spectacle de l'année et groupe country), nous fait traverser les États-Unis dans l'espace et dans le temps pour raconter leur Québec, tout en ferveur et en sensibilité. A la troupe, je dis merci et santé !
Mr Blue
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