Folk et Hip-hop alternatif, voilà comment m'était décrit l'album. Comprenez qu'il est difficilement envisageable d'associer ces deux styles musicaux, tant leur univers, leur histoire sont, non pas opposés mais en tout aucunement associés. Cela a donc suffit par piquer ma curiosité, et là... Ah oui, au préalable il me faut resituer le contexte. Me voilà parti chez le disquaire indépendant de ma ville, en aparté il faut souligner l'importance de ces derniers au nom de la diversité musicale et la promotion des artistes un peu à totalement oubliés du commun des mortels. Donc je chinais à la recherche de bons sons actuels et passés. Ne trouvant rien dans la catégorie folk qui trouvait grâce à mes oreilles, je demandais au gérant de m'aiguiller en insistant sur le caractère singulier des disques qu'ils me présenteraient. Assez rapidement, il me proposa d'écouter un CD à la pochette épurée, comme fait main, presque désuet, sans aucune prétention sur son visuel et laissé là par deux anglais de passage. A band of buriers. Il m'expliqua qu'il s'agissait d'un duo détonnant entre un violoncelliste de formation classique, Jamie Romain, et un chanteur-guitariste au phrasé Hip hop, James P Honey. Casque sur les oreilles, dès les premières notes, je fus ébranlé sur mes certitudes. Déjà je n'avais jamais entendu un son pareil dans le registre folk, les pistes parcourues, je me surpris à penser qu'effectivement, Folk et Hip-hop pouvaient faire bon ménage, et même très bon. La voix de James P Honey a des similarités avec celles de Tom Waits ou Leonard Cohen. Bien sûr elle est encore « jeune », n'a pas subi certains excès, mais bon sang qu'elle est belle dans ses graves, dans ses fêlures, dans sa façon de découper les mots, de les peser, leur donnant autant de signification qu'un direct dans votre foie. Oui, vous serez plié en deux à sa facilité de vous toucher, de passer du chant au spoken word, car le gus possède ces deux musicalités, qu'il peut alterner ou insuffler sur un même titre (Stag night). Ces derniers s?enchaînent avec fluidité, au son unique d'un violoncelle et d'une guitare, dans une atmosphère poétique, noire mais non lugubre. Vous vous surprendrez à écouter. Non pas seulement entendre mais écouter. Vous décortiquerez les notes, leur trouvant efficacité et délicatesse pour chacune d'entre-elles, même sur le très incisif Third light revisited, où ces dernières, stridentes, s'harmonisent au phrasé harangueur du chanteur. Vous prêterez attention à chaque touche supplémentaire, jamais superflue, comme ses choeurs sur Wide wings et Truth où une touche féminine fait écho dans sa légèreté à la gravité d'Honey. S'il ne restait qu'un titre pour vous convaincre, je vous suggérerais Yawning wounds. Il représente à lui tout seul l'esprit d'A band of buriers, mélodie dépouillée et boisée, voix profonde et addictive, flow précis et perçant. Bref, un concentré de lâcher prise et d'inspirations, tout en rondeur. Qu'il est bon de se laisser encore surprendre, car ce fut le cas avec ces deux anglais. Ah, et dommage pour mon disquaire, je vais le harceler pour qu'il me dégote d'autres artistes de la sorte.
Mr Blue
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