L'humain est capable de tout, quelque soit le côté vers lequel il lorgne, remarquez ce n'est pas à moi de juger, je ne suis pas mander pour cela, à la rigueur analyser et observer de manière critique pour donner un point de vue. En parlant d'appréciation, il est quelque fois délectable ou détestable, toujours le choix, d'apprécier la capacité d'Homo Sapiens à juger une personne, un événement, une ?uvre dès le premier regard. Prenez la pochette du deuxième album de Married Monk, The Jim side, ses tons pastels, cette aquarelle délicate, ce paysage bucolique, j'imagine assez aisément un cadre reposant pour ce bon Jim. Et lorsqu'on écoute les premières mesures de l'album, au format pop, on se laisse emporter par la voix de Christian Quermelet, à l'anglais léché et léger, par les notes de piano posées délicatement, de percussions susurrées (Fetishism), de guitares rythmées mais non appuyées (Coco clown) . Oui tout cela paraît idyllique. Sauf que. Sauf qu'à bien regarder de près la pochette est assez sombre, comme un dessin laissé dans une eau saumâtre. Sauf que le Jim, il trône plus au cimetière du père Lachaise qu'il ne se complait à la campagne, exaspérant Quermelet qui voyait chaque jour des cultistes se recueillir devant sa tombe. Sauf que Married Monk, vient du Moine de Matthew Gregory Lewis, roman gothique dont le personnage central est mû par sa sexualité débridée et son pacte avec le Diable. Sauf que Fetishim relate le linge sale (souillé?) et « l'odeur des entrailles des filles ». Bref l'eau n'est pas si limpide du côté de ces bretons qui s'inspirent plus des rues nauséeuses londoniennes que du grand large des côtes armoricaines. Comme Quermelet l'a déclaré, « Le culte de la pureté, ça m?exaspère. Il faut passer un peu de Monsieur Sale dessus ». On comprend mieux au travers de cette considération esthétique, que les influences des membres de Married Monk, sont « dirty », les Cramps, Lou reed, ou encore les Sex pistols sont passés sur leurs platines, tout ce beau monde ne parlant ni d'eau ni de rose, ni des événements politiques et sociétaux ayant traversé leur décennie. Les Ramones sont aussi une référence. Ils font d'ailleurs une reprise sur cet album (Beat on the brat), plus apaisée que la version originelle, la rendant sûrement plus inquiétante, à la façon des « Droogs » d'Orange mécanique. Car, manière de bien signifier que le groupe refuse toute catégorisation ou segmentation facile et fallacieuse, les Married Monk s'intéressent à la Pop-music sensu lato et à la précision de son orchestration et son architecture mélodique. Les Beatles, les Smiths, Queen, Pulp et la vague Brit-pop émergente au moment de l'enregistrement de l'album sont sûrement passés entre leurs mains. Bref une culture pop s'entend aisément dans leurs lignes d'arrangements, que ce soit sur des tempo jazzy (Novice), sur des mesures riches et limpides (Cult fiction) ou simples et épurées de tout artifice (We hope we cope). A ce sujet, et seconde reprise sur l'album, il est à noter la très belle version pop-folk d'un titre de Kate Bush (Moving). The Jim side ne dépeint pas des personnages propres sur eux et sur leur conscience, tout comme il ne décrit pas une société idyllique ou idéale, d'ailleurs existe-t-elle, mais les Married Monk retranscrivent ces considérations avec une telle efficacité, une production soignée et variée, qu'on se plait à croire que les bas-fonds et les bas-instincts sont les deux mamelles de la nation !
Mr Blue
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