Il est nécessaire de couper court immédiatement à toute forme d'ambiguïté. EELS n'est pas un groupe de même que MC Honky n'existe pas. Mark Oliver Everett écrit des disques au fil des jours et il a évidemment besoin de partenaires pour exprimer pleinement le potentiel de sa musique. Ce n'est pas triste, pas arbitraire, juste un constat implacable qui va nous permettre d'aller droit au but. Si vous le voulez bien parce que si ça vous branche pas plus que ça, j'ai sous la main une chronique sur les Hanson qui devraient en réjouir plus d'un. Mais si, les Hanson, trois puceaux retenus dans leur salon pendant un an, obligés de fredonner « MmmBop » pour des malades qui, eux-mêmes, payaient pour les mater à travers le trou de la serrure. Alors, vous raffolez pas du tragique, vous en avez soupé du fait divers, trop facile de vendre de la tristesse ? Parfait, je vais pouvoir poursuivre. Le jeune Mark connaît une enfance des plus normales et somme toute, très anodine. Un avion s'écrase près de son domicile alors qu'il a douze ans, soeurette est plus suicidaire que Romain Gary par jour de pluie, papa est un savant fou alcoolo à la botte du pentagone et maman se tient scrupuleusement à l'écart. Musicien dès son plus jeune âge, l'adolescent découvre les joies de la guitare et se demande même si se foutre en l'air avec sa bagnole sur les routes de Virgine ne serait pas une fameuse idée. Il y repense à deux fois et se dit que compositeur fauché et solitaire en Californie, bah ça fait vachement mieux sur un cv. Voici donc, Mr. E (délicat sobriquet que lui donnait sa soeur) sur la route de la gloire et toutes ces étapes quasi-obligatoires. Jobs merdiques, appartement pour lilliputien, producteurs qui lui rient à la tronche et pour finir, le classique disque qui doit vous lancer alors que seuls vos proches (peu nombreux chez notre héros) se dépatouillent pour l'acheter. La suite est d'un banal affligeant, Elizabeth, la frangine quitte l'existence en marche, le padre a le palpitant en berne et môman ? Elle reste à l'écart, je vous l'ai déjà dit. Je vous raconte tout ça pour vous faire admettre que suite à ces petites broutilles, les chansons d'Everett ont quelques raisons de manier l'humour noir et autres désastres quotidiens avec récurrence. Et c'est un fait indéniable, la première partie de la carrière de E est jonchée de balades pétrifiantes et de textes sombres. L'homme n'aura de cesse de développer un rock à l'identité propre auxquelles viennent souvent s'ajouter des innovations techniques en tous points brillantes. Mais ça c'était avant, parce que même si le son du désormais cinquantenaire reste fidèle à lui-même. Les paroles ont changé de registre ! Monsieur ouvre la fenêtre pour respirer les fleurs sur « Peach blossom ». Il déclare sa profonde amitié et son plus intime respect à un(e) proche sur « You're my friend ». Enfin et c'est surement le plus important, Mr. EELS accepte le monde et sa foutue absurdité sur l'excellent « New Alphabet » ! Quand les mots sonnent comme du bruit et que les gens en sont réduits à être des silhouettes, je fais un nouvel alphabet. Fondamental, précis, optimisme saupoudré de cynisme d'un mec qui a vu défiler une moitié de siècle. Minute Malo me direz-vous, ce bombardier qui dégueule sa cargaison sur la couverture de l'album, où est l'amélioration là-dedans ? Je pense qu'elle se situe dans le choix de la couleur de fond. Cet orange mat, l'heure du rendez-vous entre le soleil et la lune, la fin du jour. Comme si la mission s'achevait, les troupes vont pouvoir rentrer à la maison. Pour lui, La guerre est finie.
Mr Malo
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