Autant le mentionner d'entrée, je ne suis pas fan du Michael Jackson des 90's et postérieures, comme, sans pour autant y déceler quelconque animosité auditive à la moindre écoute du groupe, je ne me jette pas sur la disco de la Jackson family des années 60. Oui mais voilà il y a eu les années 80. Alors quand on regarde du côté français, ça peut faire peur en effet, mais d'une part, il n'y a pas eu que du concentré d'étrons durant cette décennie, et d'autre part on vous emmène du côté des USA, ça rassure. Donc à partir de là je laisse le soin au plus téméraire ou suicidaire critique de déceler de l'amateurisme, des anicroches mélodiques ou une quelconque transparence navrante dans les productions 80's de celui qu'on appellera par la suite Le King of the Pop. Personne n'a réussi autant que lui à concilier et réconcilier ce qu'on pourrait appeler tout simplement la Terre entière. Qui peut faire autant l'unanimité ? Faites un tour sur le net, lisez les blog de tout horizon, pas un ne déroge à la règle, tous saluent l'artiste. Qui peut réunir avec autant de ferveur noirs et blancs, jeunes et vieux, banlieusard et bourgeois ? Jackson ne segmente pas ni ne divise, il rassemble, une vrai banière à lui tout seul. Qui a réussi avant et après lui à symboliser aussi bien la fusion entre une rythmique funk noire(-américaine) et une pop blanche britannique ? Qui a compris mieux que lui le pouvoir de l'image et des symboles, par les clips et les codes ? Qui a inventé un pas de danse et des gimicks vocaux devenus universels ? Un chapeau, un gant, le tempo d'onomatopées inimitables et intrancriptibles, le Moonwalk...Michael Jackson et son joyau inégalé, Thriller. Cependant cet album ne se suffit pas en lui-même, et malgré les titres imparables que tout le monde connait et qui pourrait être une fin en soi, Thriller fait partie d'un ensemble. Tout comme Bowie a eu sa trilogie berlinoise et Brian Eno pour se relancer, Jackson a eu sa trilogie et Quincy Jones pour se lancer. Quincy Jones, un autre génie de la musique, connu et reconnu très tôt pour ses talents de jazzman et de chef d'orchestre. Quincy Jones, compositeur de nombreuses BO dans les années 60-70, rencontre Michael lors du tournage de Wiz. Ce dernier, cherchant à s'émanciper et de l'empreinte funk-disco où il était enfermé et de l'emprise de son paternel, demande à Jones des conseils pour trouver un producteur. Résultat ce dernier se propose et ensemble ils figurent parmi les plus grands précurseurs, dépoussiéreurs, affranchisseurs de l'Histoire de la Musique, en seulement trois albums. Entre Off the wall sorti en 79, le précurseur, jetant les bases du son Jackson-Jones et Bad en 87, le dernier coup d'éclat du duo, Thriller est la quintessence de cette trilogie dantesque. Thriller et ses superlatifs, ses chiffres, ses hits dans les charts. Thriller, moins cuivré et sûrement moins dansant qu'Off the Wall mais plus varié et abouti. Thriller et ses innovations qui font d'un seul album, une multitude de références. L'image par les clips, le mini-film qui fait de Thriller la meilleure comédie musicale horrifique des années 80 et Billie Jean, leçon de maitrise du son par l'image et de l'image par le son (rappelez-vous les jeux de lumière et les pas de danse, un coup d'éclat sur un titre étincellant). Même certains titres, sûrement moins éclatants ont leur part d'intérêt car ils montrent que Jackson et Jones s'inspirent de tout. Ainsi, l'assez plat The girl is mine ouvre les portes de la Pop à Mickael, adoubé qu'il est par Sir Mac Cartney. Ce titre est d'ailleurs balayé par le très énergique et entrainant Beat It mené de haute voltige par la voix de Michael et les riffs acérés de Van Halen, preuve en est encore une fois qu'avec Thriller, il n'y a pas de frontière. Jackson qu'un chanteur-parolier-danseur? pas mal déjà me diriez-vous. Si on rapporte que la ligne de basse reconnaissable entre toutes de Billie Jean, on la doit à ce dernier, et qu'il a grandement participé à la plupart des autres titres, on ne peut que respecter le type. Et voilà, la tâche est trop hardue, comment faire peu de cas avec autant de matière, quelques lignes devant une si belle production pop et funk à souhait. L'homme était ce qu'il était, là n'est pas le sujet, l'artiste a peut être moins bien terminé qu'il n'a commencé, et on s'en fout pas mal, Thriller est un joyau de la musique avec un grand M, et une musique n'est accomplie que si un grand artiste la prend, la soutient et la soulève. Michael Jackson était de cette dimension et à la lumière de Thriller, il le restera.
Mr Blue
Un disque un jour © 2011 - 2024 • Tous droits réservés • Webdesign by Mr Blønde • Nous contacter • Mentions Légales •