La musique est une thérapie, un exutoire. Polly Jean Harvey, en vingt ans de carrière y a exorcisé ses errances, résolu ses questionnements. Chacun de ses albums l'a fait un peu plus avancé dans sa quête existentielle et nous avec. Let England Shake est à écouter comme une épopée, une cavalcade sur les terres anglaises qui interroge sur la manière dont les êtres humains entrent en relation, sur le rôle ambigu du citoyen écartelé entre patriotisme et impuissance, relate la fondation d'une nation sur l'horreur des conflits successifs et sans cesse identiques. Sans jamais s'enfermer dans son propos, PJ Harvey le hisse sur un plan bien plus universel, se positionne en citoyenne du monde, extrait du sang, de la colère et de l'accablement, une poésie hors du commun, improbable. Les mélodies, empreintes de joie et de grâce, prennent le contre-pied des paroles dures et crues du constat réaliste, se déploient en symphonies pastorales de poche, nimbées d'une pop post-psychédélique où restent ça et là les lambeaux d'une transe apocalyptique ; de l'horreur naît l'espoir.
Miss Grey
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