La critique les avait encensé, le public les avait applaudi, pardonnez cette facilité de langage, sur leur premier album. Les quatre belges de Courtrai auraient pu revenir têtes et chevilles gonflées tout autant qu'ils auraient pu s'effacer comme tant d'autres, auréolés puis aveuglés par cette reconnaissance. Rats, second opus de Balthazar, semble nous rassurer. Perçu comme sophistiqué à la première écoute, par ses parties orchestrées (The oldest of sisters), par l'importance et la richesse des arrangements (Listen up), par le placement des voix qui s'alternent ou s'unissent (Lion's mouth), par la plume fine et imagée de Maarten et Jinte (Sinking ship), cet album est pourtant d'une étonnante sobriété. Plus sobre que le premier car allant à l'essentiel, au mirage des vapeurs éthyliques et d'apathie mélancolique, flagrance du dandysme britannique aperçu sur Applause et personnalisé par la voix de Maarten (Any suggestion), s'ajoute un sens mélodique aigu et sans emportement, une sorte de romantisme détaché rappelant l'hexagone sixties de Gainsbourg (The man who owns the place). Rats est aussi très « naturel », sans doute du fait qu'une partie a été enregistrée en extérieur, jardin public, hall de gare, station de métro autant de lieux convenant à notre rongeur. Ce choix rend le son plus authentique, en tout cas moins froid qu'entre les murs d'un studio. Au final, comme le mentionne le groupe "il faut prendre son temps avec cet album. Il est fait pour accompagner vos plaisirs et vos souffrances au quotidien." Malgré son apparente complexité Rats est donc étonnamment accessible et organique, dévoilant ses arômes et textures qu'au fur et à mesure des écoutes et des états d'âme. Sans doute sa plus grande qualité.
Mr Blue
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