Foxygen c'est Sam France et Jonathan Rado, deux jeunots de Westlake Village, California. Et alors ? Alors, ces deux jeunots d'à peine la vingtaine sortent leur second album sur le label de Moonface, Bon Iver, Dinosaur Jr et Unknown Mortal orchestra, rien de moins. Ils partagent d'ailleurs avec ces derniers un goût prononcé pour les années 60-70. J'entends les sabots s'approcher à grand galop et pourtant. Pourtant la comparaison avec MGMT serait réductrice tout comme la critique sur la facilité de céder à une mode. Non ces californiens ne surfent pas sur une vague de plus en plus mainstream, ils rendent hommage à ces décennies qui les ont inspirés, en convient le long et énigmatique titre de l'album, révérence au Sgt Pepper des Beatles. En quoi diffèrent-ils de la simple reproduction ? En bousculant les codes du genres plutôt qu'en les appliquant, en les décomposant pour mieux les rafistoler à leur convenance. Bien sûr Oh Yeah se rapproche de la pop psyché de Goldwasser et VanWyngarden. Ce n'est pas si honteux après tout, mais à cela il faut y rajouter l'ombre d'un Jack White. Album dépuratif, balançant constamment entre présent et passé, We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic est libératoire et jouissif, nous offrant des rencontres impossibles sinon rêvées, comme si les Rolling Stones avaient forniqué avec les Velvet Undergound (On blue mountain), comme si Shuggie Otis, David Bowie et Baxter Dury s'étaient plus à imaginer un titre entre soul et pop psyché des uns et pop désabusée du troisième (Shuggie), comme si, à l'écoute du morceau éponyme, le garage punk reverdissait, comme si les liverpuldiens nous avaient enregistrés de nouveaux morceaux neo-psychedelia (In the Darkness ; Bowling trophies ; Oh No), comme si les histoires de Dylan s'étaient accrochées aux volutes picturales et musicales de Reed (San Francisco). Foxygen avec We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic nous offre un véritable bol d'air, moderne et naïf, sans spoliation de leurs illustres prédécesseurs, juste pour montrer que décennie n'est qu'un mot et que la musique reste intemporelle.
Mr Blue
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