Il y a deux ans, je rencontrais Fleur. Amie d'amis, au détour d'un verre de bière, elle me répondait, presque gênée, à mon plat 'tufaisquoidanslavie ?': «je chante, aussi, mais je vais peut-être arrêter. » Un an plus tard, assises à la même terrasse, devant le même verre de bière, elle m'annonçait entre les deux potins du moment : « je crois que je vais faire un album ». Fleur est ainsi, doutant alors que terriblement impressionnante...et aujourd'hui cette belle blonde déroutante, auteure-compositrice-interprète-indépendante, sort son premier album, Forvil, du nom de cette brillantine dont la vieille réclame orne le mur de la grange à foin de son père. Avec son visage angélique et son franc-parler, un brin de nostalgie et une giclée de Miss Dior, Fleur chante sa vie. Sans fausse pudeur, elle traite « du tiède de la trentaine », de ce sentiment d'être constamment en décalage, qui colle à la peau de beaucoup qui à trente ans passés soupirent : «un jour je serai dans la bonne tranche d'âge». Si la mélodie enjôle, le mot, toujours bien senti, incise. Ainsi, la valse évoque l'amour impossible, le jazz manouche regrette la fraîcheur de nos vingt ans, la pop dénonce tous les « sexy salaud » dont nous nous amourachons alors qu'ils ne rêvent que des interminables jambes de la brune d'à côté ou devient prétexte à « casser le fil » avec l'être de son obsession en exultant toute sa sensualité, comme sur le duo avec Emma Double Té Hache, Chewing-gum. Sans cynisme, ni sarcasme, Fleur fait de la 'chanson française à texte', non sans culot, mais sans pathos, cultive le paradoxe, ce qui donne à Forvil ce goût si particulier, propre aux bonbons Arlequin, acide et sucré.
Miss Grey
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